Contact. Pourquoi nous avons perdu le monde et comment le retrouver. Cet essai qui fait suite à Éloge du carburateur, est plus trapu, plus philosophique plus ambitieux et en partie plus ardu. Il contient néanmoins de remarquables formules et constitue un essai de philosophie tout à la fois morale et politique. Le cœur du livre touche radicalement à ce que nous vivons actuellement dans le monde: « Nous sommes en train de vivre une véritable crise de l’attention… Notre activité mentale paraît de plus en plus balkanisée et nous commençons à nous demander si nous sommes capables de préserver un moi cohérent. » Tel est le début du livre. Certains chapitres se distinguent, tels celui consacré à l’industrie du jeu de Las Vegas et comment elle fabrique volontairement des systèmes conduisant l’être humain – n’importe quel être humain – à être dépendant jusqu’à l’abrutissement et la mise en danger de sa vie. La mise en cause d’un certain kantisme dans le présent état des choses est effectuée avec clarté (pages 159-174). Ou encore celui sur les facteurs d’orgues et leur lien à la tradition. Il y aurait tant et tant à dire. C’est à mon sens un des livres les plus fondamentaux pour comprendre le monde où nous vivons. Pour finir avec une dernière citation (p. 333) : « Se préoccuper de l’attention comme ressource collective, ce n’est pas tant chercher à la promouvoir qu’essayer d’éviter son épuisement: être conscient du caractère précieux de cette absence (en italiques dans l’original) qui dégage simultanément un espace pour la rêverie individuelle et pour le surgissement spontané au sein de l’environnement urbain de ces épisodes d’attention conjointe qui sont autant de promesses de véritable contact humain »
LIVRE – 2016 – Éditeur : la Découverte