Consacré aux cinq premiers siècles du christianisme, ce livre fourmille de noms et de récits, sans renoncer à l’analyse historique et sociologique. Il cherche à rendre compte de la complexité de l’essor du christianisme, en en montrant les ressorts concrets (à travers les correspondances, entre les évêques notamment, les manifestations de solidarité, les écrits) et les difficultés (les différences culturelles et théologiques, les rivalités personnelles, les persécutions, etc.). L’intuition de fond est de montrer que c’est à partir d’une grande diversité que s’est peu à peu édifiée une « conscience catholique », un sens de la communion entre différentes Églises locales, et que cette unification croissante a été le fruit d’un processus long et complexe qui n’a pas pu éviter les schismes et les divisions. On se divise sur la date de Pâques, sur la matière à utiliser lors des eucharisties (l’eau ou le vin), sur l’attitude à adopter vis-à-vis des lapsi, ces chrétiens qui ont renié leur foi lors des persécutions (c’est là l’origine de l’Église donatiste en Afrique du Nord). On découvre que ce phénomène de cristallisation « catholique » est, paradoxalement, à distinguer de la très lente montée en puissance du siège de Rome. Et que les empereurs, en encourageant les conciles, ont eu une large part dans l’uniformisation des pratiques après 325. Cette réalité favorisera malheureusement la rupture entre les chrétientés extérieures à l’Empire, en Perse et en Arménie par exemple, et celles vivant au sein de celui-ci. Bref, une mine d’informations qui permet de découvrir des mondes complexes et de bousculer nos représentations spontanées.
Recension parue dans la revue Etudes en 2019.