Un film d’Antoine Russbach avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Elidan Arzoni. Olivier Gourmet porte ce film impressionnant dans sa rigueur et dans sa force tranquille. Franck est un homme parti de rien, élevé à la dure dans une ferme: il est devenu un cadre efficace dans une grande boite de transports maritimes. Chaque retard signifie des pertes importantes car tout dans le monde, des chaussures aux fruits frais, doit circuler rapidement, à tout prix. Il prend lui-même une décision éthiquement condamnable. Que va t-il se passer? Nous allons le suivre au quotidien, avec sa femme et ses cinq enfants dont il est fier, mais qui se sont habitués à leur vie luxueuse sur les bords du lac Léman et n’ont pas d’estime pour le bourreau de travail qu’est le père. Celui-ci représente à la fois un type d’homme (de sexe masculin), taiseux, bosseur, rigide, 120% concentré sur son boulot, qui est sa vie au fond, et un type d’économie, celui qui a conduit et conduit encore notre monde dans le mur (un peu à la façon de Corporate voici deux ans). La prestation de O. Gourmet est, comme toujours, remarquable. On pourrait simplement reprocher au film un ‘ventre’ un peu mou et une virée finale en partie anticlimactique (le personnage de l’épouse notamment est un peu sous évalué je trouve) mais l’ensemble demeure rigoureux et fort. Pour ceux qui sont intéressés par le monde du travail, l’impact de celui-ci sur la famille, la masculinité et ses mutations et le fonctionnement réel de notre modèle capitaliste actuel, c’est à ne pas manquer.
Philippe
Vu il y a deux semaines et beaucoup aimé. Les journaux ont l’air de voir le héros comme une victime du monde du travail – pas sur d’être d’accord avec eux. Ton avis ?
Marc Rastoin
pardon Philippe je n’avais pas vu le commentaire… oui victime est excessif; on voit comment son histoire personnelle son propre rapport au travail n’est pas juste. il participe volontairement d’un système qui favorise ce genre de tempéraments… tu serais d’accord?