Un film de Emmanuel Courcol avec Romain Duris et Céline Sallette. Film humain, sobre et fort sur les traumatismes des soldats de 14/18. Deux frères ont survécu, l’un capitaine est parti en Haute-Volta (de magnifiques séquences que tous les amoureux de l’Afrique apprécieront) pour chercher à oublier l’enfer, l’autre est devenu mutique et vit quasi cloîtré chez sa mère. Les femmes de ce temps, jeunes veuves, femmes ne reconnaissant l’homme revenu des tranchées, mères endeuillées, cherchent les mots et les gestes qui réanimeront ces hommes qui sont tous blessés, qu’ils soient apparemment en pleine santé ou qu’ils soient devenus des ‘gueules cassées’, des ‘trembleurs’, des écorchés vifs. Certains cherchent à s’étourdir, d’autres se replient sur eux-mêmes: C’est un pays convalescent qui fait comme si on pouvait repartir, effacer les traces des traumatismes… En une seule, courte, scène initiale, E Courcol réussit à nous transmettre l’horreur des tranchées et ensuite à nous montrer la déshumanisation qu’elles ont entraînée. Comment ne pas faire de cauchemars? Comment dire l’indicible – même à des êtres que l’on aime -? Comment recommencer à vivre ‘malgré tout’? Il faut de la tendresse et aussi de la résolution. Un très beau film sur cette boucherie terrible que furent les tranchées où l’Europe perdit une part de son âme. Un film pudique et profondément humain où deux frères cherchent à respirer à nouveau.