Dans ce récit autobiographique, Shulem, un juif hassidique de New York raconte le chemin intérieur qui l’a conduit peu à peu à quitter non seulement le monde du judaïsme ultra-orthodoxe mais aussi celui de la foi. Le titre aurait pu être: Comment je suis devenu un epikoires, un hérétique, selon le terme du Talmud. Chemin faisant il décrit de l’intérieur la vie dans un village de l’Etat de NY, habité par les membres de la communauté qu’il avait choisie lui-même, les Skver (son père, un baal techouva, avait fait le choix des Satmar): son mariage très jeune avec une jeune femme vue quelques minutes, l’étude permanente, le rapport aux autres groupes et à la société en général. C’est un processus long et douloureux qu’il décrit, lui qui n’a pas plus vu ses cinq enfants depuis des années et qui a dû affronter une solitude extrême une fois sorti du cocon communautaire. J’ai été frappé par la place des rituels kabbalistiques et superstitieux très présents dans cette communauté – je n’en soupçonnais pas l’importance. Et aussi par la place des châtiments corporels dans les yeshivot. De façon non surprenante ce sont les rituels du shabbat et leur chaleur qui lui manquent le plus. Un récit sobre, très honnête, et en raison même de ces deux qualités, poignant.