Un film de Agustín Díaz Yanes, avec Viggo Mortensen, Elena Anaya, Eduardo Noriega, Juan Echanove, Pilar López de Ayala (2006). Il s’agit de l’adaptation au cinéma des célèbres romans de capes et d’épée de A. Perez Reverte, en l’occurrence des six premiers volumes de la série consacrée au soldat espagnol Diego Alatriste. Nous le suivons depuis le siège de Breda (1628) jusqu’à la bataille de Rocroi (1643) qui marque la fin des tercios espagnols comme meilleure infanterie d’Europe et l’avènement de la France comme première puissance européenne. Le film est fidèle à l’esprit du livre même s’il condense fortement l’action et laisse de ce fait des personnages à peine esquissés (comme Malatesta mais certains s’en tirent mieux comme l’écrivain Quevedo). Nous avons une sorte de Cyrano espagnol en Alatriste, une certaine obscurité en plus. Le film est (aussi) en effet l’histoire d’une décadence nationale et baigne dans des lumières crépusculaires. De très nombreux plans sont de pures merveilles esthétiques, reproduisant de façon impressionnante des tableaux de l’époque. Costumes, musiques et décors rendent très bien. Certes, Perez Reverte ne peut faire l’éloge de l’Eglise et son portrait de l’Inquisition comme du roi est sévère (non sans de bons arguments même si c’est un peu caricatural). Porté par un Viggo Mortensen crédible dans le rôle, le film est un bel hommage à l’esprit espagnol, à ses misères comme à sa grandeur. Il est aussi un éloge de l’amour qui, malgré conventions, écarts sociaux et obstacles de toute sorte, rapproche de la vérité et rachète bien des fautes. Comme dirait Musset: « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots ».