J’ai enfin vu « Boyhood » le projet de Richard Linklater. En un (deux!) mot : j’ai aimé. Mais non pas tant à cause de l’originalité de la procédure de tournage (qui ne me parait pas absolument nécessaire en fait) qu’en raison de la justesse humaine des relations familiales qui sont le seul tissu du film : Nul cynisme, nulle caricature. Le quotidien d’un jeune garçon, qui grandit avec des parents divorcés (mais son père ne disparaît pas à l’horizon) et cherche son chemin dans la vie. Le film décrit avec précision la société américaine (texane, low middle class) et sans taire les souffrances de la séparation et des déménagements qu’elle implique. En outre la dimension métaphysique n’est pas tue : le fils s’écriant à un moment donné ‘nous sommes aussi paumés que nos parents’ et demandant à son père ‘what’s the point ?’ (qui est la question manifestement américaine pour dire ‘pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?). Justesse aussi dans ce cri du cœur de la mère au moment où son deuxième enfant quitte la maison sans trop de nostalgie : « Mais je ne savais pas à quel point ce serait si dur ! » On élève des enfants, on travaille dur pour eux et hop en un clin d’œil ils ne sont plus là… Cette transition, non plus d’une enfance à l’adolescence (limite-adulte) mais plutôt de l’adolescence à l’âge adulte est aussi un des thèmes du film – intriguant et suggestif.
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FILM – 23/07/2014 – de Richard Linklater avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke