C’est l’histoire de Sixtine, une jeune femme issue d’un milieu très traditionnaliste, qui se marie avec un jeune polytechnicien brillant, plus intégriste qu’elle, du côté de Nantes. Le mariage, très vite décidé, ne va se dérouler pas comme prévu, la plongeant dans une crise profonde. L’intrigue avance plutôt doucement – et la deuxième partie tire en longueur et manque quelque peu de crédibilité – mais l’ouvrage vaut surtout par la plongée, clairement bien informée et, hélas, bien vue (sans doute connue de première main) dans toute la galaxie traditionnaliste-intégriste catholique (avec sa part de complotisme, d’antisémitisme, de refus de la péridurale, où ‘l’attachement à la France’ (une France fantasmée pour une large part bien sûr) l’emporte sur l’évangile. Bien que n’ayant pas de vraie familiarité avec ce monde, je le situe assez pour percevoir qu’elle touche souvent juste. Et j’ai été touché qu’elle tienne à montrer une autre figure d’église, et une autre figure de prêtre, avec un curé d’un village rural, ouvert et proche des gens, et un moine d’En Calcat accueillant et plein de bon sens. Un peu comme Deborah Feldman dans Unorthodox, elle ne cherche pas à raconter la perte de la foi ou à se moquer des croyants (bien au contraire) mais à décrire la sortie d’un milieu étouffant, d’une caricature de la religion (et, a fortiori, de l’évangile). Un roman-documentaire rude par certains aspects mais salutaire et non manichéen…