Un film de Richard Linklater avec Julie Delpy et Ethan Hawke (1995). Dans un train vers Vienne, Céline et Jesse, une jeune étudiante française et un jeune étudiant américain, se rencontrent par hasard. Il l’invite à passer une douzaine d’heures avec lui à Vienne avant qu’il ne reprenne son avion vers les US. Ils vont parler de tout et de rien pendant cette nuit tout en visitant la ville de Vienne grise et authentique à la fois. Elle est charmante, littéraire, a-religieuse fille de parents soixante-huitards, un peu difficile mais spontanée et vive. Lui est littéraire également, fin, détendu et délicieusement pataud. Pleins de bonne volonté et généreux, ils sont aussi sans attaches spirituelles et manquant de critères de discernement. C’est une très belle, et exceptionnellement originale, comédie romantique avec un étonnant sens d’authenticité dû sans doute à Richard Linklater. Étonnant de retrouver un monde avant le DVD, avant internet et surtout avant le portable (la scène où ils miment un dialogue téléphonique est très réussie) ! Tous les sujets que deux jeunes étudiants, qui se découvrent et s’attirent à la fois, peuvent aborder en sachant qu’ils ne se reverront sans doute jamais, le sont avec naturel, légèreté et sérieux à la fois: la place du conflit dans la vie, le rapport à l’éducation reçue et au couple parental, la place de l’enfance dans leur imaginaire, leurs aspirations confuses et fortes à la fois, leurs expériences affectives plus ou moins douloureuses, la dimension oblative ou narcissique de l’amour, etc. Le film montre de façon éclatante la place de la parole dans l’attachement amoureux et contient quelques pépites de-ci de-là : ‘Aimer et être aimé, c’est tout ce qui compte pour moi’ ou ‘S’il y avait un Dieu, il serait dans ce petit espace entre nous’, vivre ‘sans illusions ni prévisions’ et ce si classique: elle: ‘Pourquoi je complique toujours tout??’ Lui: ‘je ne sais pas…’. Alors oui c’est un film plutôt intello et littéraire mais il est charmant et bigrement bien fait.