Un film de Richard Linklater avec Julie Delpy et Ethan Hawke (2012). Troisième volet de la belle trilogie portée par Ethan Hawke et Julie Delpy. Le style et le ton est parfaitement maintenus et le charme opère toujours. Il y a un côté ovni cinématographique dans ce projet original: par certains côtés, il ressemble à une grande pièce de théâtre en trois actes qui aurait été filmé chacun tous les 9 ans. La façon dont les conversations d’un couple, mixte certes, car franco-américain, mais, à part cela, tout à fait ordinaire (même si tous deux sont plutôt littéraires), sont reconstituées, témoigne du travail fait sur les dialogues: la dispute notamment, avec ce mélange de vérité et de mauvaise foi, de vrai ressenti et de mots qui vont un peu au-delà de ce que l’on « voulait » dire, est un petit bijou d’écriture. Les thèmes changent un peu car, à 41 ans, on ne parle plus tout à fait (quoique!) des mêmes choses qu’à 32: la question de la conciliation de la vie professionnelle et de la maternité (avec la charge mentale portée par la mère sans que le père le remarque « vraiment » et loue son épouse pour cela), la question de l’indissolubilité, de la routine et de la surprise, la mort, l’équilibre entre rationalité et émotivité (avec cette réplique, fort juste, de Céline sur le fait que ce sont des hommes fort rationnels qui ont déclenché les pires boucheries de l’histoire ou les ont organisées). Certaines répliques sont rudes – et de ce fait nécessairement injustes – mais ce couple parle et se fait rire et l’on sait alors d’entrée qu’il est bien vivant. Il me faut reconnaître que je trouve Céline effectivement un poil névrosée, pleurnicheuse et agaçante, quoique charmante, et me sent plus proche de Jesse… Mais c’est sans doute parce que je suis un homme !