Sous ce titre se cache la traduction française de six articles de recherche parus entre 2014 et 2016, certains écrits à deux voix, d’autres de chacun des deux auteurs. Un des meilleurs spécialistes européens du Pentateuque, travaillant sur le matériel littéraire, et l’un des meilleurs archéologues israéliens, davantage penché sur les pierres et les datations au carbone 14, dialoguent et coordonnent leurs travaux pour « utiliser à la fois l’exégèse biblique et des connaissances provenant de l’archéologie » en vue de reconstruire la naissance des traditions mises par écrit dans la torah. Sous des apparences et un format accessible, se cache un texte dense destiné aux spécialistes, destinataires initiaux des articles. Une lecture profitable sera difficile à qui n’est pas familier avec les travaux récents d’exégèse et d’histoire: il s’agit d’avoir une idée des inscriptions de Kuntillet Ajrud et de ne pas se demander qui sont les Omrides et où se trouve le Galaad (origine probable selon les auteurs des traditions du nord liées à Jacob). Ce caveat indiqué, on apprend beaucoup de choses et l’on visualise mieux les principales étapes, selon une reconstitution probable – mais qui est prudemment avancée et ouverte à discussion – de constitution du texte actuel du Pentateuque. La démarche des auteurs est plutôt fine car sans nier l’importance des réécritures effectuées à l’époque perse (voire plus tard), ils ne nient pas pour autant l’existence de traditions orales (mises par écrites pour la plupart au sud en Juda sous Josias lorsque se fait la synthèse entre traditions sudistes (Abraham – Hébron) et nordiques (Exode et Jacob)) qui pourraient remonter au 9/8 siècle. Je remarque que sur la question du roman de Joseph (Gn 37-50), les auteurs varient un peu: ils le voient « écrit (probablement en Egypte) à la période perse voire au début de l’époque hellénistique » (76) ou, de façon plus prudente, « peut-être post P » (171). A noter que l’édition a été très vite faite laissant passer de nombreuses coquilles.