Sur un thème décisif, qui me touche depuis fort longtemps, l’impact de la Shoah sur les êtres et les pays, Sebald compose un roman fleuve ambitieux mais qui, ultimement, m’a déçu. Par sa structure narrative, il rappelle les romans de Ishiguro, entrelacement des mémoires et des souvenirs par un jeu de flashbacks partiels s’enchaînant les uns dans les autres et laissant les blancs se remplir peu à peu en partie. Le narrateur raconte sa rencontre avec un homme mystérieux et attachant, Jacques Austerlitz, juif d’Europe centrale survivant, qui lui narre au fil du temps son histoire. La progression est selon moi trop lente et l’abondance de références secondaires devient fastidieuse. Il aurait fallu alléger, c’est-à-dire en fait rendre plus dense. Pour moi cela n’a pas la force de Daniel Mendelsohn, les Disparus, mais peut-être que d’autres réussiront à entrer dans cette oeuvre trop évidemment littérairement ambitieuse qu’humainement juste et convaincante.