Film chinois qui parle de l’essentiel de ce qu’est l’humanité: aimer, se souvenir, accueillir. Pour tout dire j’ai vraiment eu du mal au début. Doublement mal : cinématographiquement je trouvais que c’était lent, trop lent. Et humainement je ne pouvais supporter ces personnages – et notamment cette femme – qui ne pouvaient exprimer leurs sentiments : je me disais : « mais dites quelque chose que diable !! je t’aime, je te hais bien, dégage ! N’importe quoi mais quelque chose ! » Bref des paroles qui créent de l’irréversible au lieu de cette ambiguïté mortifère (et qui se révélera bien l’être)… Et puis, le temps passant, je suis davantage rentré dans le film et j’ai vraiment bien aimé, surtout la dernière partie, celle de 2025. Combien de choses dans une vie – et par suite dans des vies – dépendent d’un choix initial !! Et il peut être juste ou raté… Combien de pères sont comme Zhang Jinsheng et croient que l’argent est la clef de la vie (de leur couple comme de leur rapport aux enfants (derniers gadgets, collège anglophones, nounous anglophones, etc etc)) et passent à côté de leur paternité ? La nostalgie d’un moment unique du passé où les chansons venaient vite aux lèvres et où tout semblait possible, est très bien rendue. In fine la leçon est je crois juste et biblique : la parole sauve: se confier enfin à un autre libère et permet d’avancer, de trouver un chemin là où l’impasse dominait. Mon tempérament occidental aurait aimé une autre fin (mais c’est beau aussi quand l’on nous laisse la deviner et la reconstituer !)… Bref un film pour gens patients qui savent la valeur des larmes…
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FILM – 30/12/2015 – de Zhang-ke Jia avec Zhao Tao, Sylvia Chang