[Titre identique en français] Ecrit par un égyptien vivant au Canada, cette dystopie, situé entre 2075 et 2093 dans le Sud des actuels Etats-Unis d’Amérique, est une très intéressante expérience de lecture. Sans être génial, il donne à entendre comment un homme éduqué originaire du monde arabo-musulman a ‘ressenti’ les guerres d’Irak et de Syrie. En projetant ces réalités (les distributions alimentaires, les drones, les camps de détention type Guantanamo, les myriades de milices collaborant ou pas avec les étrangers, les attentats suicides, etc.) sur la réalité sudiste américaine, il crée un puissant effet d’étrangeté et de décalage. Refusant l’interdiction absolue des énergies fossiles, qui ont déjà provoqué une puissante montée des océans engloutissant les villes côtières, des états du sud des EU ont fait sécession et se battent contre le Nord et nous allons suivre le destin de la famille d’une combattante du sud. L’effort pour imaginer la vie dans une planète très fragilisée est à louer. La construction narrative est habile. Je reste en revanche un peu déçu qu’il n’ait pas voulu aborder la question de l’Islam en soi. Nous voyons les équipes du Croissant rouge aider les pauvres réfugiés du sud mais le terme même est absent. De même imaginer des chrétiens utiliser le terme de ‘martyr’ pour des kamikazes est peut-être plausible en 2075 mais encore faut-il expliquer comment on en serait arriver là. Dans l’ensemble, la dimension politique est bien plus acérée que la vision théologique, à peine esquissée. Bref une dystopie très politique.