L’auteur est un spécialiste connu de la figure d’Abraham. Ce livre se veut une introduction à la façon dont les traditions juive, chrétienne et musulmane ont interprété et valorisé ce personnage. Il aborde aussi la question de sa représentation dans l’art et sa place aujourd’hui dans le dialogue interreligieux. Il nous fait part de ses découvertes : la tradition musulmane jusqu’au xiie siècle parlait du sacrifice d’Isaac et non d’Ismaël. Et de ses choix. Pour lui par exemple, en Gn 14, c’est Melchisédech qui offre la dîme à Abraham et non le contraire. Sur la question historique, le dossier est bien mené et les conclusions prudentes : si, dans son état actuel, le cycle d’Abraham est assez tardif, plusieurs éléments du texte sont de grande ancienneté (notamment le nom Abraham, qui peut remonter au deuxième millénaire avant notre ère). La valeur du récit ne dépend cependant pas de son historicité au sens moderne. Les valeurs religieuses et humaines véhiculées par ce cycle, la vie comme réponse à un appel, l’hospitalité, la confiance en Dieu dans les épreuves (migration, stérilité, guerre…) restent d’actualité. Malgré son petit format, l’ensemble n’est pas toujours de lecture facile et la multiplication des textes cités peut lasser le lecteur moins familier avec eux. Le dossier est néanmoins très complet.