[La vie invisible d’Eurídice Gusmão] Un film de Karim Aïnouz avec Carol Duarte, Julia Stockler, Gregório Duvivier (2019). Rio de Janeiro, années 50, deux sœurs de 18 et 20 ans sont à la fois inséparables et différentes. Elles grandissent seules, très protégées, dans la maison d’un boulanger originaire du Portugal homme autoritaire et traditionnel. L’une, Eurydice, rêve de devenir pianiste professionnelle, l’autre rêve du grand amour et de voyages. La seconde s’enfuit avec un jeune marin grec, l’autre prépare le concours de piano. Mais rien ne va se passer comme prévu… Inspiré d’un roman de Martha Batalha (2015) ce mélodrame rend bien compte d’une époque de l’histoire du Brésil et d’une atmosphère, et en particulier de la condition féminine (curieusement cependant, la religion catholique est quasi totalement absente tant du quotidien que de la psyché des deux jeunes femmes ce qui, vu l’éducation familiale qu’elles sont censées avoir reçue, est plutôt étonnant). La reconstitution est soignée, les deux jeunes actrices qui incarnent les deux sœurs sont magistrales et nous voilà embarqués. C’est parfois un peu cru, toujours réaliste et humain, et vite déchirant. Certes, l’élément clef du scénario semble invraisemblable car, après tout, normalement, il y a toujours des cousins et/ou des ami(e)s dans la vie dtels jeunes, et ici les deux sœurs sont totalement isolées mais on peut mettre cela sur le compte de la licence romanesque. « La famille, ce n’est pas le sang c’est l’amour » dit l’une d’elles. Certes, mais un frère ou une sœur avec qui on a grandi demeurera toujours inoubliable.