Le destin de différents personnages se croise dans une ville qui ressemble étrangement à Bombay mais qui demeure la grande ville anonyme. L’un est un jeune étudiant parsi venu des contreforts de l’Himalaya, une autre est une veuve également parsie qui cherche à échapper au poids des traditions en vivant indépendamment de son frère et les deux autres sont deux tailleurs issus d’une caste d’intouchables de tanneurs, les chaamars. Dans une langue apparemment simple et prosaïque mais riche et poétique aussi, l’écrivain parsi décrit l’Inde de l’état d’urgence proclamé par Indira Gandhi au milieu des années 70 et c’est toute l’Inde qui éclate dans ce récit polyphonique et coloré, l’omniprésence de la conscience de caste, les atrocités quotidiennes, la misère de la population des rues, l’horreur des stérilisations forcées du programme de planning familial gouvernemental. Mais aussi la solidarité des petits, les résistances minuscules, le courage inouï de certains. Un grand roman indien. Un grand roman tout court.